Chapitre 20. Arithmétique (enseignement de spécialité)

I. Divisibilité dans $\mathbb{Z}$

1) Définition de la divisibilité dans $\mathbb{Z}$

Définition 1.

Soient $a$ et $b$ deux entiers relatifs tels que $a\neq 0$.
On dit que \textbf{$a$ divise $b$} si et seulement si il existe un entier relatif $q$ tel que $b=qa$.
Il revient au même de dire $a$ divise $b$ ou $b$ est \textbf{divisible par} $a$ ou $b$ est \textbf{multiple} de $a$.
Quand $a$ divise $b$, on écrit $a\divides b$ et quand $a$ ne divise pas $b$, on écrit $a\ndivides b$

Exemples. $2$ divise $6$ car $6=3\times2$ avec $3$ entier relatif. $4$ divise $-4$ car $4=(-1)\times(-4)$ avec $-1$ entier relatif.
$1$ divise $5$ car $5=5\times1$ avec $5$ entier relatif. $1$ divise $0$ car $0=0\times 1$ avec $0$ entier relatif.

Remarque 1. Dans la définition 1, on a imposé à $a$ d'être non nul ou encore on n'écrira jamais une phrase du genre \og $0$ divise ...\fg. Néanmoins, puisque $0=0\times 0$, on peut se permettre de dire que $0$ est un multiple de $0$ (mais pas que $0$ est un diviseur de $0$).

Remarque 2. Si $a$ est un entier relatif, les multiples de l'entier $a$ sont les entiers relatifs de la forme $q\times a$ où $q$ est un entier relatif. Ce sont donc les nombres

\ldots\qquad$-3a$\qquad$-2a$\qquad$-a$\qquad$0$\qquad$a$\qquad$2a$\qquad$3a$\qquad\ldots

Par exemple, les multiples de $3$ sont les entiers relatifs

\ldots\qquad$-9$\qquad$-6$\qquad$-3$\qquad$0$\qquad$3$\qquad$6$\qquad$9$\qquad\ldots
Exercice 1. Montrer par récurrence que pour tout entier naturel non nul $n$, $3^{4n-1}+3$ est divisible par $5$.

Solution. Montrons par récurrence que pour tout entier naturel non nul $n$, $3^{4n-1}+3$ est divisible par $5$.

$$3^{4(n+1)-1}+3=3^{4n-1}\times3^4+3=(3^{4n-1}+3)\times3^4-3\times3^4+3 =(3^{4n-1}+3)\times3^4-240.$$

Par hypothèse de récurrence, il existe un entier relatif $k$ tel que $3^{4n-1}+3=5k$. On en déduit que

$$3^{4(n+1)-1}+3=5k\times3^4-240=5k\times81-5\times48=5(81k-48).$$

Puisque $81k-48$ est un entier relatif, ceci montre que $3^{4(n+1)-1}+3$ est divisible par $5$.

Le résultat est démontré par récurrence.


Commentaire. Un moment important de la solution ci-dessus est le moment où on dit que \og $81k-48$ est un entier relatif \fg. On ne peut pas se contenter d'écrire $3^{4(n+1)-1}+3=5(81k-48)$ sans préciser que $81k-48$ est un entier relatif. Si cette phrase n'est pas écrite, la solution ne vaut rien.

Par exemple, il existe $q$ tel que $3=2q$ à savoir $q=\dfrac{3}{2}$ mais en aucune façon l'entier $2$ ne divise l'entier $3$. Le problème est que $q=\dfrac{3}{2}$ n'est pas un entier. \SquareShadowBottomRight

Théorème 1.

Soit $a$ un entier naturel non nul. Tout diviseur de $a$ est inférieur ou égal à $a$.

Démonstration. Soient $a$ un entier naturel non nul puis $d$ un entier relatif non nul qui est un diviseur de $a$.
Si $d< 0$, alors $d\leqslant a$ car $a>0$.

Supposons maintenant $d>0$. Il existe un entier relatif $q$ tel que $a=q\times d$. Puisque $q=\dfrac{a}{d}$, $q$ est strictement positif et donc $q$ est un entier naturel non nul. En particulier, $q\geqslant1$. On en déduit que

$$a=q\times d\geqslant1\times d=d.$$

On a montré que tout diviseur de $a$ est inférieur ou égal à $a$.



Remarque. Le résultat est faux si $a=0$ car par exemple $1$ divise $0$, puisque $0=0\times1$, mais $1>0$. \SquareShadowBottomRight

Théorème 2.

Soit $a$ un entier relatif.
Les diviseurs de $a$ sont les diviseurs de $|a|$.

Démonstration. Soit $a$ un entier relatif.

Si $a\geqslant0$, alors $|a|=a$ et il n'y a rien à démontrer.

Supposons maintenant $a< 0$. Alors, $|a|=-a$. Soit $d$ un entier relatif non nul.
Si $d$ divise $a$, il existe un entier relatif $q$ tel que $a=q\times d$. Mais alors, $-a=(-q)\times d$ avec $-q$ entier relatif. On en déduit que $d$ divise $-a$.
Si $d$ divise $-a$, il existe un entier relatif $q$ tel que $-a=q\times d$. Mais alors, $a=(-q)\times d$ avec $-q$ entier relatif. On en déduit que $d$ divise $a$.

Finalement, les diviseurs de $a$ sont les diviseurs de $|a|$.



Commentaire. Ce résultat ramène les problèmes de divisibilité entre entiers relatifs à des problèmes de divisibilité entre entiers naturels. \SquareShadowBottomRight

2) Propriétés de la divisibilité

Théorème 3.

  1. Pour tout entier relatif non nul $a$, $a$ divise $0$ ou aussi $0$ est un multiple de $a$.
  2. Pour tout entier relatif $a$, $1$ divise $a$ ou aussi $a$ est un multiple de $1$.

Démonstration.
  1. Soit $a$ un entier relatif non nul. On a $0=$\textcolor{red}{$0$}$\times a$ et puisque \textcolor{red}{$0$} est un entier relatif, on a montré que $a$ divise $0$.
  2. Soit $a$ un entier relatif. On a $a=$\textcolor{red}{$a$}$\times 1$ et puisque \textcolor{red}{$a$} est un entier relatif, on a montré que $1$ divise $a$.



Théorème 4.

    1. Pour tout entier naturel non nul $a$, $a$ divise $a$ ou aussi $a$ est un multiple de $a$.
    2. Pour tout entier relatif non nul $a$, $a$ divise $a$, $a$ divise $-a$, $-a$ divise $a$ et $-a$ divise $-a$.

    1. Soient $a$ et $b$ deux entiers naturels non nuls. $a$ divise $b$ et $b$ divise $a$ si et seulement si $b=a$.
    2. Soient $a$ et $b$ deux entiers relatifs non nuls. $a$ divise $b$ et $b$ divise $a$ si et seulement si $b=a$ ou $b=-a$.

  1. Soient $a$, $b$ et $c$ trois entiers relatifs tels que $a\neq0$ et $b\neq0$. Si $a$ divise $b$ et $b$ divise $c$ alors $a$ divise $c$.

Démonstration.
  1. \textbf{a) et b)} Soit $a$ un entier relatif non nul. On a $a=$\textcolor{red}{$1$}$\times a$ et puisque \textcolor{red}{$1$} est un entier relatif, on a montré que $a$ divise $a$. En appliquant ce résultat à l'entier relatif $-a$ qui n'est pas nul, on a aussi montré que $-a$ divise $-a$.
    De même, les égalités, $-a=(-1)\times a$ et $a=(-1)\times(-a)$ montrent respectivement que $a$ divise $-a$ et $-a$ divise $a$.

    1. Soient $a$ et $b$ deux entiers naturels non nuls tels que $a$ divise $b$ et $b$ divise $a$.

      Alors, il existe un entier relatif $q_1$ tel que $b=q_1a$ et un entier relatif $q_2$ tel que $a=q_2b$.

      Puisque $q_1=\dfrac{b}{a}$, $q_1$ est strictement positif et donc $q_1$ est un entier naturel non nul. De même, $q_2$ est un entier naturel non nul. On en déduit que $q_1\geqslant1$ et $q_2\geqslant1$.

      Puisque $b=q_1a$ et $a=q_2b$, on a $a=q_2(q_1a)=(q_1q_2)a$ et puisque $a$ n'est pas nul, on en déduit que $q_1q_2=1$.

      En résumé, $q_1$ et $q_2$ sont deux entiers supérieurs ou égaux à $1$ dont le produit $q_1q_2$ est égal à $1$. Si l'un de ces deux entiers n'est pas égal à $1$, alors l'un de ces deux entiers est au moins égal à $2$ puis le produit $q_1q_2$ est au moins égal à $2\times1=2$. Ceci est faux et donc les deux entiers $q_1$ et $q_2$ sont égaux à $1$. Mais alors $b=a$.

      Réciproquement, si $b=a$, alors $a$ divise $b$ et $b$ divise $a$ d'après 1).

      On a montré que pour tous entiers naturels non nuls $a$ et $b$, $a$ divise $b$ et $b$ divise $a$ si et seulement si $b=a$.

    2. Soient $a$ et $b$ deux entiers relatifs non nuls tels que $a$ divise $b$ et $b$ divise $a$.

      Il existe donc un entier relatif $q_1$ tel que $b=q_1a$ et un entier relatif $q_2$ tel que $a=q_2b$. Mais alors $|b|=|q_1|\times|a|$ et $|a|=|q_2|\times|b|$. Ainsi, $|a|$ et $|b|$ sont deux entiers naturels non nuls tels que $|a|$ divise $|b|$ et $|b|$ divise $|a|$. D'après 2)a), on a nécessairement $|b|=|a|$ puis $b=a$ ou $b=-a$.

      Réciproquement, si $b=a$ ou $b=-a$, alors $a$ divise $b$ et $b$ divise $a$ d'après 1).

      On a montré que pour tous entiers relatifs non nuls $a$ et $b$, $a$ divise $b$ et $b$ divise $a$ si et seulement si $b=a$ ou $b=-a$.

  2. Soient $a$, $b$ et $c$ trois entiers relatifs tels que $a\neq0$, $b\neq0$, $a$ divise $b$ et $b$ divise $c$.
    Il existe un entier relatif $q_1$ et un entier relatif $q_2$ tels que $b=q_1a$ et $c=q_2b$. Mais alors $c=q_2(q_1a)=(q_1q_2)a$.
    Puisque $q_1q_2$ est un entier relatif, on en déduit que $a$ divise $c$.



Théorème 5.

Soient $a$ et $b$ deux entiers relatifs et $d$ un entier relatif non nul.
  1. Si $d$ divise $a$ et $b$, $d$ divise $a+b$ et $a-b$.
  2. Si $d$ divise $a$ et $d$ divise $b$, alors pour tous entiers relatifs $u$ et $v$, $d$ divise $u\times a+v\times b$.

Démonstration. Le 1) est un cas particulier du 2), énoncé explicitement (ce sont les cas $u=v=1$ et $u=-v=1$). Montrons donc 2).

Soient $a$ et $b$ deux entiers relatifs et $d$ un entier relatif non nul tels que $d$ divise $a$ et $d$ divise $b$.
Il existe un entier relatif $q_1$ tel que $a=q_1\times d$ et il existe un entier relatif $q_2$ tel que $b=q_2\times d$.

Soient $u$ et $v$ deux entiers relatifs. Alors,

$$u\times a+v\times b=u\times q_1\times d+v\times q_2\times d=(u\times q_1+v\times q_2)d.$$

Puisque $u\times q_1+v\times q_2$ est un entier relatif, ceci montre $d$ divise $u\times a+v\times b$.




Exercice 2. Trouver tous les entiers relatifs $n$ tels que $n+2$ divise $2n+7$.

Solution. Soit $n$ un entier naturel tel que $n+2$ divise $2n+7$.

Alors, comme $n+2$ divise $n+2$, $n+2$ divise aussi $(2n+7)-2(n+2)=3$ et donc $n+2\in\{-3;-1;1;3\}$ puis $n\in\{-5;-3;-1,1\}$.

Réciproquement,

Les entiers relatifs $n$ tels que $n+2$ divise $2n+7$ sont $-5$, $-3$, $-1$ et $1$.



Théorème 6.

Soient $a$ un entier relatif et $d$ un entier relatif non nul.
Si $d$ divise $a$, alors pour tout entier relatif $b$, $d$ divise $a\times b$ ou encore si $d$ divise $a$, alors $d$ divise tout multiple de $a$.

Démonstration. Soient $a$ un entier relatif et $d$ un entier relatif non nul tels que $d$ divise $a$.
Il existe un entier relatif $q$ tel que $a=q\times d$. Soit alors $b$ un entier relatif. On a $ab=(qd)b=(qb)d$. Puisque $qb$ est un entier relatif, ceci montre que $d$ divise $ab$.


II. Division euclidienne

Théorème 7 (division euclidienne d'un entier naturel par un entier naturel non nul).

Soient $a$ un entier naturel et $b$ un entier naturel non nul.
Il existe un couple d'entiers naturels $(q,r)$ et un seul tel que
$a=bq+r$ et $0\leqslant r< b$.

Démonstration. Soient $a$ un entier naturel et $b$ un entier naturel non nul.

\textit{Existence.} Soit $q$ la partie entière de $\dfrac{a}{b}$ puis $r=a-bq$. $q$ est un entier naturel et $r$ est un entier relatif.

$q$ est le plus grand entier naturel inférieur ou égal à $\dfrac{a}{b}$ et donc $q\leqslant\dfrac{a}{b}< q+1$. En multipliant les trois membres de cet encadrement par l'entier strictement positif $b$, on obtient $qb\leqslant a

Ainsi, $q$ et $r$ sont deux entiers naturels tels que $a=bq+r$ et $0\leqslant r< b$. Ceci montre l'existence de $q$ et $r$.

\textit{Unicité.} Soient $q_1$, $q_2$, $r_1$ et $r_2$ quatre entiers naturels tels que $a=bq_1+r_1=bq_2+r_2$ et $0\leqslant r_1 On a en particulier $bq_1+r_1=bq_2+r_2$ puis $b(q_1-q_2)=r_2-r_1$.

Puisque $0\leqslant r_1

Supposons par l'absurde que $q_1-q_2$ ne soit pas nul, alors $|q_1-q_2|\geqslant1$ puisque $q_1-q_2$ est un entier relatif.
Puisque $|r_2-r_1|=|q_1-q_2|\times|b|=|q_1-q_2|\times b$, on en déduit que $|r_2-r_1|\geqslant b$ ce qui est faux.

Par suite, $q_1-q_2=0$ ou encore $q_1=q_2$ puis $r_2-r_1=0$ ou encore $r_1=r_2$. Ceci montre l'unicité de $q$ et $r$.




Par exemple, la division euclidienne de $47$ par $4$ s'écrit

$$47=11\times4+3.$$

Le quotient de la division euclidienne de $47$ par $4$ est $q=11$ et le reste est $r=3$. Cette division euclidienne fournit la partie entière et la partie décimale de $\dfrac{47}{4}$. En effet, en divisant par $4$ les deux membres de l'égalité $47=11\times4+3$, on obtient

$$\dfrac{47}{4}=11+\dfrac{3}{4},$$

où $11$ est un entier et $\dfrac{3}{4}$ est un réel de $[0,1[$. La division euclidienne est la division d'un entier par un autre où \og on ne poursuit pas après la virgule \fg. Ceci est une division euclidienne

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alors que ceci est une division tout court

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Théorème 8 (division euclidienne d'un entier relatif par un entier naturel non nul).

Soient $a$ un entier relatif et $b$ un entier naturel non nul.
Il existe un couple d'entiers relatifs $(q,r)$ et un seul tel que
$a=bq+r$ et $0\leqslant r< b$.

Démonstration. Soient $a$ un entier relatif et $b$ un entier naturel non nul.

\textit{Existence.} Le résultat est déjà établi quand $a\geqslant0$. Supposons $a< 0$ et posons $a'=-a$. $a'$ est un entier naturel et on peut appliquer le théorème 5 aux entiers $a$ et $b$.

Il existe deux entiers naturels $q'$ et $r'$ tel que $a'=bq'+r'$ et $0\leqslant r'< b$. On a encore $a=-a'=b(-q')-r'$.

$$a=b(-q')-r'=b(-q'-1)+b-r'.$$

On pose $q=-q'-1$ et $r=b-r'$. $q$ et $r$ sont des entiers relatifs tels que $a=bq+r$. De plus,

$$0\textit{Unicité.} Elle se démontre exactement de la même façon que dans le théorème 5.




Par exemple, la division euclidienne de $-47$ par $4$ s'écrit

$$-47=(-12)\times4+1.$$

Le quotient de cette division est $q=-12$ et le reste est $r=1$. Cette égalité fournit de nouveau si besoin est la partie entière et la partie décimale de $-\dfrac{47}{4}$ :

$$-\dfrac{47}{4}=-12+\dfrac{1}{4}.$$
Exercice 3. Déterminer le nombre de semaines dans une année non bissextile.

Solution. Il y a $365$ jours dans une année non bissextile et $7$ jours dans une semaine. La division euclidienne de $365$ par $7$ s'écrit

$$365=52\times7+1,$$

car $0\leqslant 1< 7$. Une année non bissextile est donc constituée de $52$ semaines plus $1$ jour.


On a immédiatement le résultat suivant concernant la divisibilité d'un entier par un autre :

Théorème 9.

Soient $a$ et $b$ deux entiers relatifs tels que $b\neq0$.
$b$ divise $a$ si et seulement si le reste de la division euclidienne de $a$ par $b$ est nul.

III. PGCD.

1) Définition du PGCD

Théorème 10.

Soient $a$ et $b$ deux entiers relatifs tels que $a\neq0$ ou $b\neq0$.
L'ensemble des diviseurs communs à $a$ et $b$ admet un plus grand élément qui est un entier naturel.

Démonstration. Soient $a$ et $b$ deux entiers relatifs tels que $a\neq0$ ou $b\neq0$. Supposons par exemple que $a\neq0$.

Soit $D$ l'ensemble des diviseurs communs à $a$ et $b$ qui sont des entiers naturels non nuls.
$D$ n'est pas vide car $1$ est un diviseur commun à $a$ et $b$ qui est de plus un entier naturel non nul.

Vérifions alors que pour tout élémént $d$ de $D$, on a $1\leqslant d\leqslant |a|$.

Soit $d$ un élément de $D$. $d$ est un diviseur de $a$ et donc il existe un entier relatif $q$ tel que $a=q\times d$. Mais alors

$$|a|=|q\times d|=|q|\times|d|=|q|\times d.$$

Puisque $a$ n'est pas nul, il en est de même de $q$ et donc $|q|\geqslant1$. On en déduit que

$$|a|=|q|\times d\geqslant 1\times d=d.$$

Comme $d$ est un entier naturel non nul, on a finalement $1\leqslant d\leqslant |a|$.

Ainsi, $D$ est un ensemble d'entiers naturels non nuls qui contient un nombre fini d'éléments (au plus $|a|$) et donc $D$ admet un plus grand élément ce qu'il fallait démontrer.




Remarque. Si $a=b=0$, la notion de PGCD de $a$ et $b$ n'a pas de sens car tout entier relatif non nul est un diviseur commun à $a$ et $b$.

Définition 2.

Soient $a$ et $b$ deux entiers relatifs tels que $a\neq0$ ou $b\neq0$.
Le plus grand des divisieurs communs à $a$ et $b$ s'appelle le PGCD de $a$ et $b$ (\og plus grand commun diviseur \fg) et se note $\text{PGCD}(a,b)$.

Exemple. Le PGCD de $-12$ et $18$ est $6$. En effet, les diviseurs de $-12$ qui sont des entiers naturels non nuls sont

$1$, $2$, $3$, $4$, $6$ et $12$.

Parmi ces diviseurs, seuls $1$, $2$, $3$ et $6$ divisent aussi $18$. Les diviseurs communs à $-12$ et $18$ qui sont des entiers naturels non nuls sont donc $1$, $2$, $3$ et $6$. Le plus grand de ces diviseurs communs est $6$.

2) Propriétés du PGCD

Théorème 11.

  1. Soient $a$ et $b$ deux entiers relatifs tels que $a\neq0$ ou $b\neq0$.
    $\text{PGCD}(a,b)=\text{PGCD}(|a|,|b|)$.

Démonstration. D'après le théorème 2, les diviseurs communs à $a$ et $b$ sont aussi les diviseurs communs à $|a|$ et $|b|$.
En particulier, le plus grand des diviseurs communs à $a$ et $b$ est aussi plus grand des diviseurs communs à $|a|$ et $|b|$ ce qui démontre le résultat.


Commentaire. Ce résultat ramène la recherche du PGCD de deux entiers relatifs à la recherche du PGCD de deux entiers naturels. \SquareShadowBottomRight

Théorème 12.

  1. Soit $a$ un entier naturel non nul.
    1. $\text{PGCD}(a,a)=a$.
    2. $\text{PGCD}(a,1)=1$.
    3. $\text{PGCD}(a,0)=a$.

  2. Soit $a$ un entier relatif non nul.
    1. $\text{PGCD}(a,a)=|a|$.
    2. $\text{PGCD}(a,1)=1$.
    3. $\text{PGCD}(a,0)=|a|$.

Démonstration. D'après le théortème 10, il suffit d'étudier le cas où $a$ est un entier naturel non nul. Soit donc $a$ un entier naturel non nul.

D'après le théorème 1, tout diviseur commun à $a$ et $a$ c'est-à-dire tout diviseur de $a$ est inférieur ou égal à $a$. Comme $a$ est un diviseur de $a$ d'après le théorème 4, $a$ est le plus grand des diviseurs communs à $a$ et $a$ ou encore $a=\text{PGCD}(a,a)$.

Tout diviseur commun à $a$ et $1$ est inférieur ou égal à $1$. Comme $1$ est un diviseur commun à $a$ et $1$ d'après le théorème 3, $1$ est le plus grand des diviseurs communs à $a$ et $1$ ou encore $1=\text{PGCD}(a,1)$.

\textbf{b)} Tout diviseur commun à $a$ et $0$ est inférieur ou égal à $a$. Comme $a$ est un diviseur commun à $a$ et $0$ d'après le théorème 3, $a$ est le plus grand des diviseurs communs à $a$ et $0$ ou encore $a=\text{PGCD}(a,0)$.




Théorème 13.

  1. Soient $a$ et $b$ deux entiers naturels tels que $b\neq0$. Si $b$ divise $a$, $\text{PGCD}(a,b)=b$.
  2. Soient $a$ et $b$ deux entiers relatifs tels que $b\neq0$. Si $b$ divise $a$, $\text{PGCD}(a,b)=|b|$.

Démonstration. Encore une fois, il suffit de démontrer le théorème dans le cas où $a$ et $b$ sont des entiers naturels.

Soient $a$ et $b$ deux entiers naturels tels que $b\neq0$ et $b$ divise $a$.
Tout diviseur commun à $a$ et $b$ est un diviseur de $b$ et est donc inférieur ou égal à $b$.
D'autre part, puisque $b$ divise $a$ et $b$ divise $b$, $b$ est un diviseur commun à $a$ et $b$.

$b$ est donc le plus grand des diviseurs communs à $a$ et $b$ ou encore $b=\text{PGCD}(a,b)$.



Théorème 14.

Soient $a$ et $b$ deux entiers relatifs non nuls.
  1. Il existe deux entiers relatifs $u$ et $v$ tels que $\text{PGCD}(a,b)=a\times u +b\times v$.
  2. Les diviseurs communs à $a$ et à $b$ sont les diviseurs de leur PGCD.

Démonstration. Soient $a$ et $b$ deux entiers relatifs non nuls. Supposons par exemple que $|b|\leqslant |a|$.
  1. Notons $E$ l'ensemble des entiers naturels non nuls de la forme $a\times u+b\times v$ où $u$ et $v$ sont des entiers relatifs et qui sont inférieurs ou égaux à $|b|$ (et donc à $|a|$). $E$ n'est pas vide car si $b>0$, pour $u=0$ et $v=1$, on obtient $a\times u+b\times v=b=|b|$ qui est un entier naturel non nul inférieur ou égal à $|b|$ et si $b< 0$, pour $u=0$ et $v=-1$, on obtient $a\times u+b\times v=-b=|b|$ qui est un entier naturel non nul inférieur ou égal à $|b|$.

    $E$ est constitué de nombres entiers naturels non nuls. On peut considérer le plus petit de ces entiers naturels non nuls que l'on note $n$. Montrons que $n$ est un diviseur commun à $a$ et à $b$ puis que $n$ est le PGCD de $a$ et $b$.

    $n$ est un entier naturel tel que $1\leqslant n\leqslant |b|$. De plus, il existe deux entiers relatifs $u_0$ et $v_0$ tels que $n=a\times u_0+bv_0$.

    La division euclidienne de $|b|$ par $n$ s'écrit $|b|=qn+r$ où $q$ est un entier naturel et $r$ est un entier naturel tel que $0\leqslant r< n$. On a alors

    $$r=|b|-qn=a\times0+b\times\pm1-q(au_0+bv_0)=a(-qu_0)+b(\pm1-qv_0).$$

    Donc, $r$ est de la forme $a\times u+b\times v$ où $u$ et $v$ sont des entiers relatifs et de plus $0\leqslant r< n$. Par définition de $n$, $r$ ne peut pas être strictement positif (car $n$ est le plus petit des entiers strictement positifs de la forme $a\times u+b\times v$ où $u$ et $v$ sont des entiers relatifs). Il ne reste que $r=0$. Ceci montre que $n$ divise $|b|$.

    On montre de la même façon que $n$ divise $|a|$ car $|a|$ est également dans $E$ ($|a|=a\times 1+b\times 0$ ou $|a|=a\times(-1)+b\times 0$ suivant que $a$ soit positif ou négatif).

    Finalement, $n$ est un diviseur commun à $a$ et à $b$.

    Soit maintenant $d$ un diviseur commun à $a$ et à $b$. D'après le théorème 5, on sait que $d$ divise $a\times u_0+b\times v_0=n$. Comme $n$ est un entier naturel non nul, on a en particulier $d\leqslant n$.

    Ceci montre que $n$ est le plus grand des diviseurs communs à $a$ et à $b$ ou encore que $n=\text{PGCD}(a,b)$. Par suite, $\text{PGCD}(a,b)=a\times u_0+b\times v_0$ où $u_0$ et $v_0$ sont des entiers relatifs.


  2. On a montré au passage que tout diviseur commun à $a$ et $b$ divise le PGCD de $a$ et de $b$.

    Inversement, si $d$ est un diviseur de $n=\text{PGCD}(a,b)$, alors $d$ divise $n$ et $n$ divise $a$. On en déduit que $d$ divise $a$ d'après le théorème 4. De même, $d$ divise $b$.

    On a montré que les diviseurs communs à $a$ et $b$ sont les diviseurs de leur PGCD.




Théorème 15.

  1. Soient $a$ et $b$ deux entiers naturels tels que $a\neq0$ ou $b\neq0$. Alors
    pour tout entier naturel non nul $k$, $\text{PGCD}(ka,kb)=k\;\text{PGCD}(a,b)$.

  2. Soient $a$ et $b$ deux entiers relatifs tels que $a\neq0$ ou $b\neq0$. Alors
    pour tout entier relatif non nul $k$, $\text{PGCD}(ka,kb)=|k|\;\text{PGCD}(a,b)$.

Démonstration. De nouveau, on se contente d'étudier le cas où $a$, $b$ et $k$ sont des entiers naturels.

Soient $a$ et $b$ deux entiers naturels tels que $a\neq0$ ou $b\neq0$. Soit $k$ un entier naturel non nul.
Notons $d$ le PGCD de $a$ et $b$ et $d'$ le PGCD de $ka$ et $kb$ et montrons que $d'=kd$.

Puisque $d'$ divise $ka$ et $kb$, il existe des entiers naturels $q_1$ et $q_2$ tels que $ka=q_1d'=q_1kn$ et $kb=q_2d'=q_2kn$.
Après simplification par l'entier naturel non nul $k$, on obtient $a=q_1n$ et $b=q_2n$. Par suite, $n$ est un diviseur commun à $a$ et $b$ et donc un diviseur du PGCD de $a$ et $b$ qui est $d$, toujours d'après le théorème 14. En particulier, $n\leqslant d$ puis $kn\leqslant kd$ ou encore $d'\leqslant kd$.

Finalement, $d'=kd$ ce qu'il fallait démontrer.



3) Algorithme d'Euclide

On va maintenant mettre en place un algorithme nous fournissant le PGCD de deux entiers naturels non nuls donnés. Tout démarre avec le résultat suivant :

Théorème 1} (lemme d'\textsc{Euclide}).

Soient $a$ et $b$ deux entiers naturels non nuls.
Soit $r$ le reste de la division euclidienne de $a$ par $b$. Alors
$\text{PGCD}(a,b)=\text{PGCD}(b,r)$.

Démonstration. Soient $a$ et $b$ deux entiers naturels non nuls. La division euclidienne de $a$ par $b$ s'écrit $a=bq+r$ où $q$ est un entier naturel et $r$ est un entier naturel tel que $0\leqslant r< b$.

Soit $d$ un entier naturel non nul.

Si $d$ divise $a$ et $d$ divise $b$, alors $d$ divise $a-bq=r$ d'après le théorème 5. $d$ est alors un diviseur commun à $b$ et $r$.

Inversement, si $d$ divise $b$ et $d$ divise $r$, alors $d$ divise $a=bq+r$ d'après le théorème 5. $d$ est alors un diviseur commun à $a$ et $b$.

En résumé, l'ensemble des diviseurs communs à $a$ et à $b$ est aussi l'ensemble des diviseurs communs à $b$ et à $r$.
En particulier, le plus grand des diviseurs communs à $a$ et $b$ est aussi le plus grand des diviseurs communs à $b$ et $r$, ce qu'il fallait démontrer.


Exemple. Analysons maintenant comment ce lemme nous permet de déterminer le PGCD de $3780$ et $1296$.

On commence par effectuer la division euclidienne du plus grand des deux entiers $3780$ et $1296$ par le plus petit :

$$3780=2\times1296+1188,$$

avec $0\leqslant 1188< 1296$. D'après le lemme d'\textsc{Euclide}, le PGCD de $3780$ et $1296$ est aussi le PGCD de $1296$ et $1188$. Le problème n'est pas résolu mais il est plus simple à résoudre car les deux entiers $1296$ et $1188$ sont plus petits que les entiers de départ.

On recommence en effectuant la division euclidienne de $1296$ par $1188$.

$$1296=1\times1188+108,$$

avec $0\leqslant108< 1296$. le PGCD de $3780$ et $1296$ est aussi le PGCD de $1296$ et $1188$ qui lui-même est le PGCD de $1188$ et $108$. On effectue la division euclidienne de $1188$ par $108$ :

$$1188=11\times108+0.$$

Cette fois-ci, la division \og tombe juste \fg~ou encore l'entier $108$ divise l'entier $1188$. Le théorème 13 nous permet alors d'affirmer que le PGCD de $1188$ et $108$ est $108$. Finalement

$$\text{PGCD}(3780,1296)=\text{PGCD}(1296,1188)=\text{PGCD}(1188,108)=108.$$

Le problème a été résolu. \SquareShadowBottomRight

Analysons maintenant le cas général. On se donne deux entiers naturels non nuls $a$ et $b$ où on a appelé $a$ le plus grand des deux entiers $a$ et $b$ et on veut le PGCD de $a$ et $b$.

Il existe deux entiers naturels $q_0$ et $r_0$ tels que $a=b\times q_0+r_0$ et $0\leqslant r_0< b$. Une discussion se présente alors :

On recommence en effectuant la division euclidienne de $b$ par $r_0$. Il existe deux entiers naturels $q_1$ et $r_1$ tels que $b=q_1\times r_0+r_1$ et $0\leqslant r_1

On recommence en effectuant la division euclidienne de $r_0$ par $r_1$. Il existe deux entiers naturels $q_2$ et $r_2$ tels que $r_0=q_2\times r_1+r_2$ et $0\leqslant r_2

Pour unifier les notations, on pose $r_{-2}=a$ et $r_{-1}=b$. L'algorithme d'\text{Euclide} se décrit alors de la manière suivante :

pour tout $k\geqslant-2$, tant que le reste $r_{k+1}$ n'est pas nul,
on effectue la division euclidienne de $r_k$ par $r_{k+1}$ :
$r_k=q_{k+2}r_{k+1}+r_{k+2}$ avec $q_{k+2}$ et $r_{k+2}$ entiers tels que $0\leqslant r_{k+2}

Il s'agit maintenant de vérifier que cet algorithme s'arrête ou encore il s'agit de vérifier qu'il existe au moins un reste égal à $0$.

Supposons par l'absurde que pour tout entier $k\geqslant-2$, $r_k$ ne soit pas nul. Alors, les entiers $r_0$, $r_1$, $r_2$, \ldots constituent une suite $(r_k)$ d'entiers \textbf{naturels} strictement décroissante. Mais ceci est impossible car une suite d'entiers \textbf{relatifs} strictement décroissante finit par prendre une valeur strictement négative puisqu'on perd au moins $1$ à chaque étape.

Donc, l'algorithme d'\textsc{Euclide} s'arrête. Si on note $r_n$ le dernier reste non nul dans cet algorithme, par définition $r_{n+1}$ est nul et donc $r_{n-1}=q_{n+1}r_n+r_{n+1}=q_{n+1}r_n$. Par suite, le dernier reste non nul $r_n$ est un diviseur de $r_{n-1}$. On en déduit que

$$\text{PGCD}(a,b)=\text{PGCD}(b,r_0)=\ldots=\text{PGCD}(r_{n-1},r_n)=r_n.$$

On a montré que

Le PGCD de $a$ et $b$ est le dernier reste non nul dans l'algorithme d'\textsc{Euclide

Exercice 4.
  1. Déterminer le PGCD de $12642$ et $2382$.
  2. En déduire les diviseurs communs à $12642$ et $2382$ qui sont des entiers naturels.

Solution.

  1. L'algorithme d'\textsc{Euclide} appliqué à $12642$ et $2382$ s'écrit
  2. $12642=5\times$\textcolor{red}{$2382$}$+$\textcolor{blue}{$732$}
    $2382$} $=3\times$\textcolor{blue}{$732$}$+186$
    $732=3\times186+174$
    $186=1\times174+12$
    $174=14\times12+$\textcolor{BleuTheoreme}{$6$
    $12=2\times 6+0$.

    Le dernier reste non nul est $6$ et donc $\text{PGCD}(12642,2382)=6$.

  3. Les diviseurs communs à $12642$ et $2382$ sont les diviseurs de leur PGCD à savoir $6$.
    Les diviseurs communs à $12642$ et $2382$ qui sont des entiers naturels sont $1$, $2$, $3$ et $6$.



IV. Nombres premiers entre eux. Théorème de \textsc{Bézout} et \textsc{Gauss}

1) Nombres premiers entre eux

Définition 3.

Soient $a$ et $b$ deux entiers relatifs tels que $a\neq0$ ou $b\neq0$.
$a$ et $b$ sont \textbf{premiers entre eux} si et seulement si $\text{PGCD}(a,b)=1$.

Par exemple, le PGCD de $4$ et $6$ est $2$ et donc $4$ et $6$ ne sont pas premiers entre eux.
Par contre, le PGCD de $4$ et $5$ est $1$ et donc $4$ et $5$ sont premiers entre eux.

Remarque. Quand on prend deux entiers naturels non nuls au hasard, trois situations sont possibles :

Situation 1 : $a$ et $b$ sont premiers entre eux (par exemple $a=4$ et $b=5$).
Situation 2 : l'un des deux entiers $a$ ou $b$ divise l'autre (par exemple $a=4$ et $b=8$).
Situation 3 : $a$ et $b$ ne sont pas premiers entre eux et aucun des deux entiers $a$ ou $b$ ne divise l'autre (par exemple $a=4$ et $b=6$).

Ainsi, la phrase \og $a$ et $b$ sont premiers entre eux \fg~n'est pas le contraire de la phrase \og $a$ divise $b$ ou $b$ divise $a$ \fg.

Théorème 17.

Soient $a$ et $b$ deux entiers relatifs tels que $a\neq0$ ou $b\neq0$. Soit $d$ un entier relatif non nul.
$d$ est PGCD de $a$ et $b$ si et seulement si il existe deux entiers relatifs $a'$ et $b'$ premiers entre eux tels que $a=da'$ et $b=db'$.

Démonstration. Soient $a$ et $b$ deux entiers relatifs tels que $a\neq0$ ou $b\neq0$ et soit $d$ un entier relatif non nul.

2) Théorème de \textsc{Bézout

On donne maintenant un théorème très important en arithmétique qui permet, suivant la situation, de décider si deux entiers sont premiers entre eux ou pas.

Théorème 18 (théorème de \textsc{Bézout}).

Soient $a$ et $b$ deux entiers relatifs tels que $a\neq0$ ou $b\neq0$.
$a$ et $b$ sont premiers entre eux si et seulement si il existe deux entiers relatifs $u$ et $v$ tels que $a\times u+b\times v=1$.

Démonstration. Soient $a$ et $b$ deux entiers relatifs tels que $a\neq0$ ou $b\neq0$.

Si $\text{PGCD}(a,b)=1$, d'après le théorème 14, il existe deux entiers relatifs $u$ et $v$ tels que $a\times u+b\times v=1$.

Réciproquement, supposons qu'il existe deux entiers relatifs $u$ et $v$ tels que $a\times u+b\times v=1$.
Soit $d$ entier naturel non nul qui est un diviseur commun à $a$ et à $b$. Alors, $d$ divise $a\times u+b\times v$ d'après le théorème 5 et donc $d$ divise $1$. Puisque $d$ est un entier naturel non nul, on en déduit que $d=1$.
Ainsi, $1$ est le seul diviseur commun à $a$ et $b$ et donc $\text{PGCD}(a,b)=1$.

On a montré que $a$ et $b$ sont premiers entre eux si et seulement si il existe deux entiers relatifs $u$ et $v$ tels que $a\times u+b\times v=1$.




Exercice 5. Montrer que pour tout entier naturel $n$, les entiers naturels $n$ et $n+1$ sont premiers entre eux.

Solution. Soit $n$ un entier naturel.

$$1\times(n+1)+(-1)n=1.$$

Donc, il existe des entiers relatifs $u$ et $v$ tels que $(n+1)\times u+n\times v=1$. D'après le théorème de \textsc{Bézout}, les entiers $n$ et $n+1$ sont premiers entre eux.



Ainsi, deux entiers consécutifs sont toujours premiers entre eux. \SquareShadowBottomRight

Le théorème suivant est une application du théorème de \textsc{Bézout}.

Théorème 19.

Soient $a$, $b$ et $c$ trois entiers relatifs non nuls.
Si $c$ est premier avec $a$ et $b$ alors $c$ est premier avec $a\times b$.

Démonstration. Soient $a$, $b$ et $c$ trois entiers relatifs non nuls.

Supposons que $c$ soit premier avec $a$ et $b$. D'après le théorème de \textsc{Bézout}, il existe quatre entiers relatifs $u_1$, $v_1$, $u_2$ et $v_2$ tels que $au_1+cv_1=1$ et $bu_2+cv_2=1$.

En multipliant membre à membre ces deux égalités, on obtient $$abu_1u_2+acu_1v_2+bcv_1u_2+c^2v_1v_2=1$$

ou encore

$$abu_1u_2+c(au_1v_2+bv_1u_2+cv_1v_2)=1.$$

Puisque $u_1u_2$ et $au_1v_2+bv_1u_2+cv_1v_2$ sont des entiers relatifs, le théorème de \textsc{Bézout} permet d'affirmer que les entiers $c$ et $ab$ sont premiers entre eux.



3) Théorème de \textsc{Gauss

On énonce maintenant un autre théorème très important de l'arithmétique qui est une conséquence du théorème de \textsc{Bézout}.

Théorème 20 (théorème de \textsc{Gauss}).

Soient $a$, $b$ et $c$ trois entiers relatifs tels que $a\neq0$.
Si $a$ divise $b\times c$ et si $a$ est premier à $b$, alors $a$ divise $c$.

Démonstration. Soient $a$, $b$ et $c$ trois entiers relatifs tels que $a\neq0$, $a$ dise $b\times c$ et $a$ est premier à $b$.

On multiplie par $c$ les deux membres de l'égalité (II) puis on obtient grâce à l'égalité (I) :

$$c=acu+bcv=acu+qav=a(cu+qv).$$

Puisque $cu+qv$ est un entier relatif, ceci montre que $a$ divise $c$.


\dbend \hspace{0,2cm} L'hypothèse \og $a$ est premier à $b$ \fg~est essentielle. Par exemple, l'entier $6$ divise l'entier $4\times 9=36$ mais l'entier \hspace{0,75cm}$6$ ne divise ni l'entier $4$, ni l'entier $9$.

4) Résolution de l'équation $ax+by=c$

On se donne trois entiers relatifs $a$, $b$ et $c$ tels que $a\neq0$ ou $b\neq0$. On cherche tous les couples $(x,y)$ d'entiers relatifs tels que

$$ax+by=c\qquad(E).$$

Nous donnerons au cours de de paragraphe quelques généralités sur cette équation, mais nous décrirons sa résolution à travers des exemples qui serviront de modèle.

La résolution s'effectue en deux étapes :

  1. on détermine une solution particulière de l'équation $(E)$
  2. on détermine toutes les solutions en fonction de cette solution particulière.

  1. Recherche d'une solution particulière de l'équation $ax+by=c$

  2. Commençons par voir à travers trois exemples comment obtenir une solution particulière de $(E)$.

    Exemple 1. Considérons l'équation

    $$5x+2y=1\qquad(E)$$

    Dans ce premier exemple, on devine une solution particulière : le couple $(x_0,y_0)=(1,-2)$ est une solution de l'équation $(E)$ car $5\times1+2\times(-2)=1$.

    Exemple 2. Considérons l'équation

    $$5x+2y=2\qquad(E)$$

    Dans le premier exemple, nous avions deviné que $5\times1+2\times(-2)=1$. En multipliant par $2$ les deux membres de cette égalité par $2$, on obtient $5\times2+2\times(-4)=2$. Donc, le couple $(x_0,y_0)=(2,-4)$ est une solution particulière de l'équation $5x+2y=2$.
    De manière générale, si on a trouvé une solution particulière $(x_0,y_0)$ de l'équation $ax+by=1$, alors $ax_0+by_0=1$ puis $acx_0+bcy_0=c$ et donc le couple $(cx_0,cy_0)$ est une solution particulière de l'équation $ax+by=c$.

    Exemple 3. Considérons l'équation

    $$63x+55y=1\qquad(E)$$

    Une solution particulière ne \og saute plus aux yeux \fg. On va voir qu'on en obtient une de manière imparable grâce à l'algorithme d'\textsc{Euclide}.

    $63=1\times55+8$
    $55=6\times8+7$
    $8=1\times 7+1$
    ($7=7\times1+0$)

    Le dernier reste non nul est $1$ et donc $PGCD(63,55)=1$. Le théorème de \textsc{Bézout}permet d'affirmer que l'équation $(E)$ admet au moins un couple d'entiers relatifs $(x_0,y_0)$ solution.

    Nous allons obtenir une telle solution en \og remontant \fg~dans l'algorithme. On exprime $1$ en fonction de $7$ et $8$ à partir de la dernière égalité :

    $$1=8-7.$$

    On exprime ensuite $7$ en fonction de $8$ et $55$ et donc $1$ en fonction de $8$ et $55$ à partir de l'égalité précédente :

    \begin{align*} 1&=8-7\\ &=8-(55-6\times 8)=7\times 8-55. \end{align*}

    On exprime enfin $8$ en fonction de $55$ et $63$ et donc $1$ en fonction de $55$ et $63$ à partir de la première égalité :

    \begin{align*} 1&=8-7\\ &=8-(55-6\times 8)=7\times 8-55\\ &=7\times(63-55)-55=7\times63-8\times55=63\times7+55\times(-8). \end{align*}

    Le couple $(x_0,y_0)=(7,-8)$ est un couple solution de l'équation $63x+55y=1$.

  3. Résolution de l'équation $ax+by=c$

  4. Maintenant, que nous avons vu comment obtenir une solution particulière de l'équation $(E)$, passons à la résolution générale de cette équation. Pour cela, nous reprenons l'équation de l'exemple 1 :

    $$5x+2y=1.$$

    On rappelle que le couple $(x_0,y_0)=(1,-2)$ est une solution de cette équation et qu'une conséquence est le fait que les entiers $5$ et $2$ soient premiers entre eux.

    Soit $(x,y)$ un couple d'entiers relatifs.

    $$5x+2y=2\Leftrightarrow5x+2y=5x_0+2y_0\Leftrightarrow5(x-x_0)=2(y_0-y).$$

    Si $(x,y)$ est un couple d'entiers relatifs solution de $(E)$, alors l'entier $2$ divise l'entier $2(y_0-y)$ qui est égal à l'entier $5(x-x_0)$. Par suite, l'entier $2$ divise l'entier $5(x-x_0)$. D'autre part, $2$ est premier à $5$ et le théorème de \textsc{Gauss} permet d'affirmer que l'entier $2$ divise l'entier $x-x_0$.
    Par suite, il existe un entier relatif $k$ tel que $x-x_0=2k$ ou encore $x=x_0+2k$.
    De même, l'entier $5$ divise $y_0-y$ et donc il existe un entier relatif $k'$ tel que $y_0-y=5k'$ ou encore $y=y_0-5k'$.

    En résumé, \textbf{si} $(x,y)$ est un couple d'entiers relatifs solution de l'équation $(E)$, \textbf{alors} il existe deux entiers relatifs $k$ et $k'$ tels que $x=x_0+2k$ et $y=y_0-5k'$.

    Soient donc $k$ et $k'$ deux entiers relatifs puis $x=x_0+2k$ et $y=y_0-5k'$.

    \begin{align*} 5x+2y=1&\Leftrightarrow5(x_0+2k)+2(y_0-5k')=1\Leftrightarrow5x_0+2y_0+10(k-k')=1\\ &\Leftrightarrow10(k-k')=0\;\text{car}\;5x_0+2y_0=1)\\ &\Leftrightarrow k=k'. \end{align*}

    Ainsi, les couples d'entiers relatifs solutions de l'équation $(E)$ sont les couples de la forme $(1+2k,-2-5k)$ où $k$ est un entier relatif. L'équation est résolue.

    Interprétons graphiquement le résultat obtenu. Le plan est rapporté à un repère orthonormé $\left(O,\overrightarrow{i},\overrightarrow{j}\right)$.

    L'ensemble des couples $(x,y)$ de \textbf{réels} tels que $5x+2y=1$ est une droite que l'on note $(\mathscr{D})$. En déterminant les couples $(x,y)$ d'entiers relatifs tels que $5x+2y=1$, nous avons déterminés les points de $(\mathscr{D})$ à \textbf{coordonnées} \textbf{entières}. Par exemple, pour $k\in\{-2;-1;0;1\}$, on obtient les points de coordonnées respectives $(-3,8)$, $(-1,3)$, $(1,-2)$ et $(3,-7)$.

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    Enonçons maintenant quelques généralités sur l'équation $ax+by=c$. Notons $d$ le PGCD de $a$ et $b$.
    Alors, pour tout couple d'entiers relatifs $(x,y)$, $d$ divise $ax+by$. Par suite, si $c$ n'est pas divisible par $d$, il n'existe pas de couple d'entiers relatifs $(x,y)$ tel que $ax+by=c$ ou encore l'équation $(E)$ n'a pas de solution (qui soit un couple d'entiers relatif). C'est le cas par exemple pour l'équation $2x+4y=3$.

    Supposons maintenant que $d$ divise $c$. On peut poser $a=da'$, $b=db'$ et $c=dc'$ où $a'$, $b'$ et $c'$ sont trois entiers relatifs et $a'$ et $b'$ sont premiers entre eux (d'après le théorème 17). L'équation $(E)$ s'écrit alors

    $$a'x+b'y=c',$$

    où cette fois-ci les entiers relatifs $a'$ et $b'$ sont premiers entre eux.

    Le théorème de \textsc{Bézout} assure l'existence d'un couple $(u_0,v_0)$ d'entiers relatifs tel que $a'u_0+b'v_0=1$.
    En multipliant les deux membres de cette égalité par $c$, on obtient $a'(cu_0)+b'(cv_0)=c$ et donc le couple $(x_0,y_0)=(cu_0,cv_0)$ est un couple d'entiers relatifs solution de l'équation $a'x+b'y=c'$ et donc de l'équation $ax+by=c$.

    En résumé, on peut énoncer :

    l'équation $(E)$ a des solutions (dans $\mathbb{Z}$) si et seulement si le PGCD de $a$ et $b$ divise $c$.

V. Nombres premiers

1) Définition des nombres premiers

Tout nombre entier supérieur ou égal à $2$ admet au moins deux diviseurs distincts, à savoir $1$ et lui-même. Parmi ces entiers, ceux qui en admettent exactement deux sont les \textbf{nombres premiers} :

Définition 4.

Soit $n$ un entier naturel supérieur ou égal à $2$.
$n$ est \textbf{premier} si et seulement si $n$ admet exactement deux diviseurs à savoir $1$ et $n$.

Les premiers nombres premiers sont

$2$ $3$ $5$ $7$ $11$ $13$ $17$ $19$ $23$ \ldots

Remarque. On peut noter que la liste des nombres premiers commence à $2$ et donc que $1$ n'est pas un nombre premier. Pourquoi a-t-on choisi de ne pas mettre $1$ dans la liste des nombres premiers ?
On verra plus loin que tout nombre entier supérieur ou égal à $2$ \og se décompose de manière unique en produit de facteurs premiers \fg. Cela signifie que si $2^a\times 3^b=2^3\times3^2$, alors nécessairement $a=3$ et $b=2$ ou aussi que, sans faire de calcul; on sait que $2^7\times3^6\neq2^6\times3^7$ car les exposants ne sont pas les mêmes. Ceci serait faux si $1$ était un nombre premier car $1^2\times2^3=1^5\times2^3$. Pour cette raison, on décide que $1$ n'est pas un nombre premier. \SquareShadowBottomRight

On décrit maintenant les nombres supérieur ou égaux à $2$ qui ne sont pas des nombres premiers. Ils sont dits \textbf{composés}. On peut en donner plusieurs définitions équivalentes :

Définition 5.

Soit $n$ un entier naturel supérieur ou égal à $2$.
  1. $n$ est \textbf{composé} si et seulement si $n$ n'est pas premier.
  2. $n$ est \textbf{composé} si et seulement si $n$ admet au moins un diviseur distinct de $1$ et $n$.
  3. $n$ est \textbf{composé} si et seulement si il existe deux entiers $a$ et $b$ tels que $n=a\times b$ et $1< a< n$ et $1< b< n$.

Par exemple, $6$ est composé car $6=2\times 3$ avec $1< 2< 6$ et $1< 3< 6$.

Théorème 21.

Soit $n$ un entier naturel supérieur ou égal à $2$.
$n$ admet au moins un diviseur qui est un nombre premier.

Démonstration. Soit $n\geqslant2$.

Notons alors $p$ le plus petit des diviseurs de $n$ compris au sens large entre $2$ et $n-1$.
Supposons par l'absurde que $p$ est composé. $p$ admet un diviseur $d$ tel que $2\leqslant d< p$.
Puisque $d$ divise $p$ et que $p$ divise $n$, $d$ est un diviseur de $n$.
Puisque $2\leqslant d< p\leqslant n-1$, on a $2\leqslant d\leqslant n-1$ et aussi $d< p$.
Ceci contredit le fait que $p$ est le plus petit des diviseurs de $n$ compris au sens large entre $2$ et $n-1$.

Donc $p$ est un nombre premier, diviseur de $n$.

Dans tous les cas, on a montré que $n$ admet au moins un diviseur qui est un nombre premier.



2) Tester si un nombre est premier

A priori, pour tester si un nombre $n$ est premier ou pas, on doit tester si ce nombre est divisible par l'un des entiers $k$ tels que $1< k< n$. Par exemple,

$\dfrac{29}{2}=14,5$. Donc $29$ n'est pas divisible par $2$.
$\dfrac{29}{3}=9,6\ldots$ Donc $29$ n'est pas divisible par $3$.
$\dfrac{29}{4}=7,25$ Donc $29$ n'est pas divisible par $4$.
$\dfrac{29}{5}=5,8$ Donc $29$ n'est pas divisible par $5$.
$\dfrac{29}{6}=4,8\ldots$ Donc $29$ n'est pas divisible par $6$.
$\dfrac{29}{7}=4,1\ldots$ Donc $29$ n'est pas divisible par $7$.
$\dfrac{29}{8}=3,625$ Donc $29$ n'est pas divisible par $8$.
$\dfrac{29}{9}=3,2\ldots$ Donc $29$ n'est pas divisible par $9$.
$\dfrac{29}{10}=2,9$ Donc $29$ n'est pas divisible par $10$.
$\dfrac{29}{11}=2,6\ldots$ Donc $29$ n'est pas divisible par $11$.
$\dfrac{29}{12}=2,4\ldots$ Donc $29$ n'est pas divisible par $12$.
$\dfrac{29}{13}=2,2\ldots$ Donc $29$ n'est pas divisible par $13$.
$\dfrac{29}{14}=2,07\ldots$ Donc $29$ n'est pas divisible par $14$.
$\dfrac{29}{15}=1,9\ldots$ Donc $29$ n'est pas divisible par $15$.
$\dfrac{29}{16}=1,8125$ Donc $29$ n'est pas divisible par $16$.
$\dfrac{29}{17}=1,7\ldots$ Donc $29$ n'est pas divisible par $17$.
$\dfrac{29}{18}=1,6\ldots$ Donc $29$ n'est pas divisible par $18$.
$\dfrac{29}{19}=1,5\ldots$ Donc $29$ n'est pas divisible par $19$.
$\dfrac{29}{20}=1,45$ Donc $29$ n'est pas divisible par $20$.
$\dfrac{29}{21}=1,3\ldots$ Donc $29$ n'est pas divisible par $21$.
$\dfrac{29}{22}=1,3\ldots$ Donc $29$ n'est pas divisible par $22$.
$\dfrac{29}{23}=1,2\ldots$ Donc $29$ n'est pas divisible par $23$.
$\dfrac{29}{24}=1,2\ldots$ Donc $29$ n'est pas divisible par $24$.
$\dfrac{29}{25}=1,1\ldots$ Donc $29$ n'est pas divisible par $25$.
$\dfrac{29}{26}=1,1\ldots$ Donc $29$ n'est pas divisible par $26$.
$\dfrac{29}{27}=1,07\ldots$ Donc $29$ n'est pas divisible par $27$.
$\dfrac{29}{28}=1,03\ldots$ Donc $29$ n'est pas divisible par $28$.

Puisque $29$ n'est divisible par aucun des entiers compris au sens large entre $2$ et $28$, $29$ est un nombre premier.
Un premier commentaire : c'est très long et nous vous laissons le soin de tester par cette méthode si oui ou non $1231$ est premier.

Nous allons essayer de diminuer le nombre de calculs. Par exemple, nous avons testé si $29$ était divisible par $2$ ou encore nous avons testé si $29$ était un multiple de $2$. Il n'était alors plus la peine de tester si $29$ était un multiple de $4$ ou $6$ ou $8$ \ldots car un multiple de $4$ est d'abord un multiple de $2$. Nous avons donc fait beaucoup de calculs superflus.
Cette constatation divise déjà par deux le nombre de vérification à effectuer :

$\dfrac{29}{2}=14,5$. Donc $29$ n'est pas divisible par $2$.
$\dfrac{29}{3}=9,6\ldots$ Donc $29$ n'est pas divisible par $3$.
$\dfrac{29}{5}=5,8$ Donc $29$ n'est pas divisible par $5$.
$\dfrac{29}{7}=4,1\ldots$ Donc $29$ n'est pas divisible par $7$.
$\dfrac{29}{9}=3,2\ldots$ Donc $29$ n'est pas divisible par $9$.
$\dfrac{29}{11}=2,6\ldots$ Donc $29$ n'est pas divisible par $11$.
$\dfrac{29}{13}=2,2\ldots$ Donc $29$ n'est pas divisible par $13$.
$\dfrac{29}{15}=1,9\ldots$ Donc $29$ n'est pas divisible par $15$.
$\dfrac{29}{17}=1,7\ldots$ Donc $29$ n'est pas divisible par $17$.
$\dfrac{29}{19}=1,5\ldots$ Donc $29$ n'est pas divisible par $19$.
$\dfrac{29}{21}=1,3\ldots$ Donc $29$ n'est pas divisible par $21$.
$\dfrac{29}{23}=1,2\ldots$ Donc $29$ n'est pas divisible par $23$.
$\dfrac{29}{25}=1,1\ldots$ Donc $29$ n'est pas divisible par $25$.
$\dfrac{29}{27}=1,07\ldots$ Donc $29$ n'est pas divisible par $27$ et donc $29$ est premier.

De manière générale, quand nous avons vérifié que $29$ n'était pas divisible par un certain entier $k$, ce n'était plus la peine de tester si $29$ était divisible par $2k$, $3k$, \ldots Dit autrement, il n'était pas la peine de tester si oui ou non, $29$ était divisible par un nombre composé :

$\dfrac{29}{2}=14,5$. Donc $29$ n'est pas divisible par $2$.
$\dfrac{29}{3}=9,6\ldots$ Donc $29$ n'est pas divisible par $3$.
$\dfrac{29}{5}=5,8$ Donc $29$ n'est pas divisible par $5$.
$\dfrac{29}{7}=4,1\ldots$ Donc $29$ n'est pas divisible par $7$.
$\dfrac{29}{11}=2,6\ldots$ Donc $29$ n'est pas divisible par $11$.
$\dfrac{29}{13}=2,2\ldots$ Donc $29$ n'est pas divisible par $13$.
$\dfrac{29}{17}=1,7\ldots$ Donc $29$ n'est pas divisible par $17$.
$\dfrac{29}{19}=1,5\ldots$ Donc $29$ n'est pas divisible par $19$.
$\dfrac{29}{23}=1,2\ldots$ Donc $29$ n'est pas divisible par $23$ et donc $29$ est premier.

Le nombre de tests est passé de $27$ à $9$. On va encore diminuer le nombre de ces tests.

Théorème 22.

Soit $n$ un entier naturel supérieur ou égal à $4$.
$n$ est composé si et seulement si $n$ est divisible par l'un des entiers $k$ tels que $2\leqslant k\leqslant \sqrt{n}$.

Démonstration. Soit $n$ un entier naturel supérieur ou égal à $4$. Alors $\sqrt{n}\geqslant2$.


Quand nous avons testé, si oui ou non $29$ était premier, il n'était donc pas la peine de vérifier si $29$ était divisible par des nombres strictement supérieurs à sa racine carrée. Puisque $\sqrt{29}=5,3\ldots$, les vérifications suivantes suffisaient pour montrer que $29$ est premier :

$\dfrac{29}{2}=14,5$. Donc $29$ n'est pas divisible par $2$.
$\dfrac{29}{3}=9,6\ldots$ Donc $29$ n'est pas divisible par $3$.
$\dfrac{29}{5}=5,8$ Donc $29$ n'est pas divisible par $5$ et donc $29$ est premier.

On peut alors énoncer le résultat définitif suivant :

Théorème 23.

Soit $n$ un entier naturel supérieur ou égal à $4$.
$n$ est composé si et seulement si $n$ est divisible par l'un des nombres premiers $p$ tels que $p\leqslant \sqrt{n}$.
$n$ est premier si et seulement si $n$ n'est divisible par aucun des nombres premiers inférieurs ou égaux à $\sqrt{n}$.

Démonstration. Soit $n\geqslant4$. Montrons que $n$ est composé si et seulement si $n$ est divisible par l'un des nombres premiers $p$ tels que $2\leqslant p\leqslant \sqrt{n}$.

On a montré que $n$ admet un diviseur premier $p$ tel que $2\leqslant p\leqslant\sqrt{n}$.




Exercice 6. Démontrer que $331$ est un nombre premier.

Solution. $\sqrt{331}=18,\ldots$ Les nombres premiers inférieurs ou égaux à $\sqrt{331}$ sont $2$, $3$, $5$, $7$, $11$, $13$ et $17$.

$\dfrac{331}{2}=165,5$ et donc $331$ n'est pas divisible par $2$. $\dfrac{331}{3}=110,3\ldots$ et donc $331$ n'est pas divisible par $3$. $\dfrac{331}{5}=66,2$ et donc $331$ n'est pas divisible par $5$. $\dfrac{331}{7}=47,2\ldots$ et donc $331$ n'est pas divisible par $7$. $\dfrac{331}{11}=30,09\ldots$ et donc $331$ n'est pas divisible par $11$. $\dfrac{331}{13}=25,4\ldots$ et donc $331$ n'est pas divisible par $13$. $\dfrac{331}{17}=19,47\ldots$ et donc $331$ n'est pas divisible par $17$.

Finalement, $331$ n'est divisible par aucun nombre premier inférieur ou égal à sa racine et donc $331$ est un nombre premier.


3) Crible d'\textsc{Erathostène}

On va maintenant dresser la liste des nombres premiers compris entre $1$ et $100$ par exemple en effectuant un minimum de calcul. Pour cela, on commence par placer les entiers compris entre $1$ et $100$ dans un tableau à $10$ lignes et $10$ colonnes. On barre tout de suite $1$ qui n'est pas premier.

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D'après le paragraphe précédent, si un nombre compris entre $1$ et $100$ n'est pas premier, il admet au moins un diviseur premier compris entre $2$ et $\sqrt{100}=10$ et dans le cas contraire, ce nombre est premier.
Pour avoir tous les nombres premiers inférieurs ou égaux à $100$, il suffit de connaître tous les nombres premiers inférieurs ou égaux à $10$ et de barrer leurs multiples stricts. Les nombres non barrés seront les nombres premiers cherchés. On procède de façon algorithmique.

On entoure $2$ qui est premier puis on barre tous les multiples de $2$ sauf $2$.

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Le premier entier non barré après $2$ est $3$. $3$ n'est donc multiple d'aucun nombre premier le précédent et par suite, $3$ est premier. On entoure $3$ puis on barre tous les multiples de $3$ sauf $3$ qui n'ont pas encore été barrés.

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Le premier entier non barré après $3$ est $5$. $5$ n'est donc multiple d'aucun nombre premier le précédent et par suite, $5$ est premier. On entoure $5$ puis on barre tous les multiples de $5$ sauf $5$ qui n'ont pas encore été barrés.

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Le premier entier non barré après $5$ est $7$. $7$ est premier. On entoure $7$ puis on barre tous les multiples de $7$ sauf $7$ qui n'ont pas encore été barrés.

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D'après la remarque initiale, c'est fini. Les nombres non barrés sont les nombres premiers inférieurs ou égaux à $100$.

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Les nombres premiers inférieurs ou égaux à $100$ sont

$2$ $3$ $5$ $7$ $11$ $13$ $17$ $19$ $23$ $29$ $31$ $37$ $41$
$43$ $47$ $53$ $59$ $61$ $67$ $71$ $73$ $79$ $83$ $89$ $97$

4) Quelques propriétés des nombres premiers

On énonce maintenant quelques résultats fournissant des raisonnements de base sur les nombres premiers.

Théorème 24.

Soient $n$ un entier naturel non nul et $p$ un nombre premier.
Le PGCD de $n$ et $p$ est $1$ ou $p$.
Plus précisément, si $p$ divise $n$, $\text{PGCD}(n,p)=p$ et si $p$ ne divise pas $n$, $\text{PGCD}(n,p)=1$.

Démonstration. Soient $n$ un entier naturel non nul et $p$ un nombre premier. Soit $d=\text{PGCD}(n,p)$. $d$ est en particulier un diviseur de $p$ et donc $d=1$ ou $d=p$.
Si $p$ divise $n$, alors le plus grand diviseur commun à $p$ et $n$ est $p$. Donc, $d=p$.
Si $d$ ne divise pas $n$, on ne donc peut avoir $d=p$ et il reste $d=1$.

Commentaire. Ce résultat est faux si $p$ n'est pas premier. Par exemple, le PGCD de $6$ et $4$ est $2$ et n'est ni $1$, ni $4$.

Une conséquence immédiate est le théorème suivant :

Théorème 25.

Deux nombres premiers distincts sont premiers entre eux.

Théorème 26.

Soit $p$ un entier naturel supérieur ou égal à $3$.
$p$ est premier si et seulement si $p$ est premier à tous les entiers naturels $k$ tels que $2\leqslant k\leqslant p-1$.

Démonstration. Soit $p$ un entier naturel supérieur ou égal à $3$. $p$ est premier si et seulement si $p$ n'est divisible par aucun des entiers $k$ tels que $2\leqslant k\leqslant p-1$. D'après le théorème 24, cette dernière phrase est équivalente au fait que $p$ est premier à tous les entiers naturels $k$ tels que $2\leqslant k\leqslant p-1$.



Théorème 27.

Soient $p$ un nombre premier et $a$ et $b$ des entiers naturels non nuls.
Si $p$ divise $a\times b$, alors $p$ divise $a$ ou $p$ divise $b$.

Démonstration. Soient $p$ un nombre premier et $a$ et $b$ des entiers naturels non nuls tels que $p$ divise $a\times b$.

Supposons que $p$ ne divise pas $a$. Alors, d'après le théorème 23, $p$ est premier à $a$.

Ainsi, $p$ divise $a\times b$ et est premier à $a$. Mais alors, d'après le théorème de \textsc{Gauss}, $p$ divise $b$.



Commentaire. Ce résultat est faux si $p$ n'est pas premier. Par exemple, l'entier $6$ divise $3\times8=24$ mais $6$ ne divise pas $3$ et $6$ ne divise $8$.

5) Infinité de l'ensemble des nombres premiers

Il existe une infinité de nombres premiers mais ceci n'est pas immédiat et doit être démontré :

Théorème 28.

Il existe une infinité de nombres premiers deux à deux distincts.

Démonstration. Montrons par récurrence que pour tout entier naturel non nul $n$ il existe $n$ nombres premiers deux à deux distincts.

Soit $a=p_1\times\ldots\times p_n+1$. Soit $k$ un entier naturel tel que $1\leqslant k\leqslant n$.
Si $n\geqslant2$, on note $P$ le produit des nombres premiers $p_i$ où $1\leqslant i\leqslant n$ et $i\neq k$ et si $n=1$, on pose $P=1$.
Dans tous les cas, $P$ est une entier naturel tel que $a=p_k\times P+1$. Cette dernière égalité s'écrit encore

$$1\times a+(-P)\times p_k=1,$$

où $u=1$ et $v=-P$ sont des entiers relatifs. D'après le théorème de \textsc{Bézout}, les entiers $a$ et $p_k$ sont premiers entre eux.

D'autre part, l'entier $a$ est supérieur ou égal à $2$ car $a\geqslant p_1+1\geqslant2+1\geqslant2$. D'après le théorème 21, $a$ admet au moins un diviseur premier que l'on note $p$.
Si $p$ est l'un des nombres premiers $p_k$ où $1\leqslant k\leqslant n$, alors $p$ divise $a$ et $p$ divise $p_k$. $p$ est donc un diviseur commun à $a$ et $p_k$ distinct de $1$. Ceci contredit le fait que $a$ et $p_k$ sont premiers entre eux.

Donc, $p$ est un nombre premier distinct de chacun des nombres premiers $p_1$, \ldots , $p_n$. Il existe donc $n+1$ nombres premiers deux à deux distincts.

Le résultat est démontré par récurrence.


6) Décomposition en produit de facteurs premiers

On énonce maintenant le théorème fondamental de l'arithmétique :

Théorème 29 (le théorème fondamental de l'arithmétique).

Soit $n$ un entier naturel supérieur ou égal à $2$.
  1. $n$ se décompose en produit de nombres premiers ou encore $n$ peut s'écrire sous la forme
    $n=p_1^{\alpha_1}\times p_2^{\alpha_2}\times\ldots\times p_k^{\alpha_k}$,
    où les nombres $p_1$, \ldots , $p_k$ sont des nombres premiers deux à deux distincts et les exposants $\alpha_1$, \ldots , $\alpha_k$ sont des entiers naturels non nuls.
  2. La décomposition est unique à l'ordre près des facteurs.

Commentaire. Il est sous-entendu que, dans l'égalité $n=p_1^{\alpha_1}\times p_2^{\alpha_2}\times\ldots\times p_k^{\alpha_k}$, on peut avoir $k=1$ ou encore il peut n'apparaître qu'un seul nombre premier $p_1$. Si de plus $\alpha_1=1$, alors $n=p_1$ et on pourra dire conventionnellement que $n$ est un produit de $1$ facteur premier. \SquareShadowBottomRight

On admet le théorème 29 même si l'existence de la décomposition peut être assez facilement établie grâce au théorème 21.

Définition 6.

Soit $n$ un entier naturel supérieur ou égal à $2$.
L'écriture $n=p_1^{\alpha_1}\times p_2^{\alpha_2}\times\ldots\times p_k^{\alpha_k}$ où les nombres premiers $p_i$ sont deux à deux distincts et les exposants $\alpha_i$ sont des entiers naturels non nuls s'appelle la \textbf{décomposition primaire de $n$}.

Exemple. La décomposition explicite d'un entier supérieur ou égal à $2$ peut s'effectuer méthodiquement comme dans l'exemple ci-dessous.

Par exemple, déterminons la décomposition primaire de $47432$. Le premier nombre premier est $2$ et $47432$ est pair.
On commence par récupérer la plus grande puissance de $2$ divisant $47432$ :

\begin{align*} 47432&=2\times23716\\ &=2\times 2\times11858\\ &=2\times2\times2\times5929. \end{align*}

$5929$ est impair et donc n'est plus divisible par $2$.

On passe alors au nombre premier suivant qui est $3$. $\dfrac{5929}{3}=1976,3\ldots$ et donc $5929$ n'est pas divisible par $3$.

On passe au nombre premier suivant qui est $5$. $\dfrac{5929}{5}=1185,8$ et donc $5929$ n'est pas divisible par $5$.

On passe au nombre premier suivant qui est $7$. $\dfrac{5929}{7}=847$. On peut poursuivre.

\begin{align*} 47432&=2^3\times5929\\ &=2^3\times7\times847\\ &=2^3\times7\times7\times121. \end{align*}

Comme $\dfrac{121}{7}=17,2\ldots$, $121$ n'est plus divisible par $7$. On passe au nombre premier suivant qui est $11$ et on obtient :

$$47432=2^3\times7^2\times11^2.$$
Puisque $2$, $7$ et $11$ sont des nombres premiers, la décomposition est achevée. \SquareShadowBottomRight

On donne maintenant trois applications du théorème fondamental de l'arithmétique.

Théorème 30.

Soient $n$ et $m$ deux entiers naturels supérieurs ou égaux à $2$.
$n$ et $m$ sont premiers entre eux si et seulement si $n$ et $m$ n'ont pas de facteur premier commun.

Démonstration. Soient $n$ et $m$ deux entiers naturels supérieurs ou égaux à $2$. Soit $d$ le PGCD de $n$ et $m$.

Si $m$ et $n$ ont un facteur premier $p$ commun, $p$ est un diviseur commun à $n$ et $m$ et donc $p$ un diviseur de $d$ d'après le théorème 14. Puisque $p$ est supérieur ou égal à $2$, on en déduit que $d$ n'est pas égal à $1$ et donc que $n$ et $m$ ne sont pas premiers entre eux.

Si $m$ et $n$ ne sont pas premier entre eux, $d$ est supérieur ou égal à $2$ et et donc divisible par au moins un nombre premier $p$. Puisque $p$ divise $d$ et que $d$ divise $n$ et $m$, on en déduit que $p$ est un diviseur commun à $n$ et $m$.

On a montré que $n$ et $m$ ne sont pas premiers entre eux si et seulement si $n$ et $m$ ont un facteur premier commun ou encore $n$ et $m$ sont premiers entre eux si et seulement si $n$ et $m$ n'ont pas de facteur premier commun.




Théorème 31.

Soit $n$ un entier naturel supérieur ou égal à $2$.
On suppose connue la décomposition primaire de $n$ :
$n=p_1^{\alpha_1}\times p_2^{\alpha_2}\times\ldots\times p_k^{\alpha_k}$,
où les nombres $p_1$, \ldots , $p_k$ sont des nombres premiers deux à deux distincts et les exposants $\alpha_1$, \ldots , $\alpha_k$ sont des entiers naturels non nuls
  1. Les diviseurs de $n$ sont les entiers de la forme :
    $p_1^{\beta_1}\times p_2^{\beta_2}\times\ldots\times p_k^{\beta_k}$,
    où $\beta_1$, \ldots , $\beta_k$ sont des entiers naturels tels que $0\leqslant \beta_1\leqslant\alpha_1$, \ldots , $0\leqslant \beta_k\leqslant\alpha_k$.

  2. Le nombre de diviseurs de $n$ est $(\alpha_1+1)\times\ldots\times(\alpha_k+1)$.

Démonstration.
  1. $1=p_1^0\times\ldots\times p_k^0$ est un diviseur de $n$.
    Soit $d$ un diviseur de $n$ tel que $d\geqslant2$. Soit $p$ un facteur premier de $d$.
    $p$ divise $d$ et $d$ divise $n$. Donc $p$ divise $n$ ou encore $p$ est l'un des nombres premiers $p_1$, \ldots , $p_k$. On peut donc poser $$d=p_1^{\beta_1}\times p_2^{\beta_2}\times\ldots\times p_k^{\beta_k}$$

    où $\beta_1$, \ldots , $\beta_k$ sont des entiers naturels.

    Soit $i$ un entier naturel tel que $1\leqslant i\leqslant k$. $p_i^{\beta_i}$ divise $d$ et donc $p_i^{\beta_i}$ divise $n$ ou encore $p_i^{\beta_i}$ divise $p_1^{\alpha_1}\times p_2^{\alpha_2}\times\ldots\times p_k^{\alpha_k}$. $p_i^{\beta_i}$ est premier avec le produit des $p_j^{\alpha_j}$ où $j\neq i$ car n'a pas de facteur premier commun avec ce produit. D'après le théorème de \textsc{Gauss}, $p_i^{\beta_i}$ divise $p_i^{\alpha_i}$. Ceci impose $\beta_i\leqslant\alpha_i$.

    Ainsi, un diviseur de $n$ est un entier naturel de la forme $d=p_1^{\beta_1}\times p_2^{\beta_2}\times\ldots\times p_k^{\beta_k}$, où $\beta_1$, \ldots , $\beta_k$ sont des entiers naturels tels que $0\leqslant \beta_1\leqslant\alpha_1$, \ldots , $0\leqslant \beta_k\leqslant\alpha_k$.

    Réciproquement, un tel entier $d$ est un diviseur de $n$ car $$n=\left(p_1^{\alpha_1-\beta_1}\times\ldots\times p_k^{\alpha_k-\beta_k}\right)\times d.$$

    Le résultat du 1) est démontré.

  2. Puisque deux répartitions différentes des exposants $\beta_1$, \ldots , $\beta_k$ fournissent des diviseurs différents d'après le théorème fondamental de l'arithmétique, le nombre de diviseurs de $n$ est aussi le nombre de répartitions d'exposants $\beta_1$, \ldots , $\beta_k$ où $0\leqslant \beta_1\leqslant\alpha_1$, \ldots , $0\leqslant\beta_k\leqslant\alpha_k$.

    Pour chaque $i$ tel que $1\leqslant i\leqslant k$, il y a $\alpha_i$ entiers naturels compris au sens large entre $1$ et $\alpha_i$ et donc il y a $\alpha_i+1$ exposants $\beta_i$ tels que $0\leqslant \beta_i\leqslant\alpha_i$.
    Il y a ensuite $(\alpha_1+1)\times\ldots\times(\alpha_k+1)$ répartitions d'exposants $\beta_1$, \ldots , $\beta_k$ et finalement $(\alpha_1+1)\times\ldots\times(\alpha_k+1)$ diviseurs de $n$.




Exemple. $72=2^3\times3^2$ admet $(3+1)\times(2+1)=12$ diviseurs. Ce sont les nombres

$2^0\times3^0=1$ $2^1\times3^0=2$ $2^2\times3^0=4$ $2^3\times3^0=8$
$2^0\times3^1=3$ $2^1\times3^1=6$ $2^2\times3^1=12$ $2^3\times3^1=24$
$2^0\times3^2=9$ $2^1\times3^2=18$ $2^2\times3^2=36$ $2^3\times3^2=72$

La décomposition en facteur premier fournit aussi un procédé pour déterminer le PGCD de deux entiers.
On admettra le théorème suivant :

Théorème 32.

Soient $a$ et $b$ deux entiers naturels supérieurs ou égaux à $2$.
On pose $a=p_1^{\alpha_1}\times\ldots\times p_k^{\alpha_k}$ et $b=p_1^{\beta_1}\times\ldots\times p_k^{\beta_k}$ où $p_1$, \ldots , $p_k$ sont des nombres premiers deux à deux distincts et les exposants $\alpha_1$, \ldots , $\alpha_k$, $\beta_1$, \ldots , $\beta_k$ sont des entiers naturels éventuellement nuls.
Le PGCD de $a$ et $b$ est :
$d=p_1^{\gamma_1}\times\ldots\times p_k^{\gamma_k}$,
où pour chaque $i$ tel que $1\leqslant i\leqslant k$, $\gamma_i$ est le plus petit des deux entiers $\alpha_i$ et $\beta_i$.

Commentaire. Dans le théorème précédent, l'écriture $a=p_1^{\alpha_1}\times\ldots\times p_k^{\alpha_k}$ n'est pas nécessairement la décomposition primaire de $n$ car certains exposants ont le droit d'être égaux à $0$. Dit autrement, les nombres $p_1$, \ldots , $p_k$ ne sont peut-être pas tous des facteurs premiers de $a$.
Les nombres $p_1$, \ldots , $p_k$ sont les nombres premiers qui sont des facteurs premiers de $a$ ou de $b$. \SquareShadowBottomRight

Exemple. Soient $a=4116$ et $b=6300$. On a

$a=2^2\times3\times7^3=2^2\times3\times5^0\times7^3$ et $b=2^2\times3^2\times5^2\times7$,

et donc

$\text{PGCD}(a,b)=2^2\times3\times5^0\times7=84$.

VI. Congruences

1) Définitions des congruences

Définition 7.

Soit $n$ un entier naturel. Soient $a$ et $b$ deux entiers relatifs.
On dit que $a$ est congru à $b$ modulo $n$ et on écrit $a\equiv b\;(n)$ si et seulement si $b-a$ est un multiple de $n$.
Il revient au même de dire qu'il existe un entier relatif $k$ tel que $b=a+kn$.

Remarque. Un cas particulier important de la définition 7 est

$a$ est un multiple de $n$ si et seulement si $a\equiv0\;(n)$.

Exemple. Puisque $17-1=16=4\times4$, $17-1$ est un multiple de $4$ et donc

$$17\equiv1\;(4).$$

On peut aussi écrire : puisque $17=1+4\times4$, il existe un entier relatif $k$ tel que $17=1+4k$ et donc $17\equiv1\;(4)$.

Théorème 33.

Soit $n$ un entier naturel non nul. Soient $a$ et $b$ deux entiers relatifs.
$a$ et $b$ sont congrus modulo $n$ si et seulement si les restes des divisions euclidiennes de $a$ et $b$ par $n$ sont les mêmes.

Démonstration. Soit $n$ un entier naturel non nul. Soient $a$ et $b$ deux entiers relatifs.

La division euclidienne de $a$ par $n$ s'écrit $a=q_1n+r_1$ avec $q_1$ et $r_1$ entiers relatifs tels que $0\leqslant r_1\leqslant n-1$ et la division euclidienne de $b$ par $n$ s'écrit $b=q_2n+r_2$ avec $0\leqslant r_2\leqslant n-1$ avec $q_2$ et $r_2$ entiers relatifs tels que $0\leqslant r_2\leqslant n-1$. En retranchant membre à membre, on obtient

$$b-a=(q_2-q_1)n+(r_2-r_1).$$

2) Propriétés des congruences

Théorème 34.

Soit $n$ un entier naturel.
  1. Pour tout entier relatif $a$, $a\equiv a\;(n)$.
  2. Pour tous entiers relatifs $a$ et $b$, si $a\equiv b\;(n)$, alors $b\equiv a\;(n)$.
  3. Pour tous entiers relatifs $a$, $b$ et $c$, si $a\equiv b\;(n)$ et $b\equiv c\;(n)$, alors $a\equiv c\;(n)$.

Démonstration. Soit $n$ un entier naturel.
  1. Soit $a$ un entier relatif. Alors, $a-a=0=0\times0$ et donc il existe un entier relatif $k$ tel que $a-a=0\times k$. On en déduit que $a\equiv a\;(n)$.
  2. Soient $a$ et $b$ deux entiers relatifs. Supposons que $a\equiv b\;(n)$. Alors il existe un entier relatif $k$ tel que $b-a=kn$. On en déduit que $a-b=(-k)n$ et donc que $a-b$ est un multiple de $n$ puisque $-k$ est un entier relatif.
    Puisque $a-b$ est un multiple de $n$, on a donc $b\equiv a\;(n)$.
  3. Soient $a$, $b$ et $c$ trois entiers relatifs. Supposons que $a\equiv b\;(n)$ et $b\equiv c\;(n)$. Il existe un entier relatif $k$ tel que $b-a=kn$ et un entier relatif $k'$ tel que $c-b=k'n$.
    En additionnant membre à membre ces deux égalités, on obtient $c-a=(k+k')n$. Puisque $k+k'$ est un entier relatif, on a montré que $c-a$ est un multiple de $n$ et donc que $a\equiv c\;(n)$.

Ainsi, les congruences se manipulent approximativement comme une égalité : une congruence se lit indiféremment de gauche à droite ou de droite à gauche, si $a$ et congru à $b$ et $b$ est congru à $c$, alors $a$ est congru à $c$ \ldots

Le théorème suivant permet d'additionner un même nombre aux deux membres d'une congruence ou de multiplier ces deux membres par un même nombre.

Théorème 35.

Soit $n$ un entier naturel.
  1. Pour tous entiers relatifs $a$, $b$ et $c$, si $a\equiv b\;(n)$ alors $a+c\equiv b+c\;(n)$.
  2. Pour tous entiers relatifs $a$, $b$ et $c$, si $a\equiv b\;(n)$ alors $a\times c\equiv b\times c\;(n)$.

Démonstration. Soit $n$ un entier naturel. Soient $a$, $b$ et $c$ trois entiers relatifs. Supposons que $a\equiv b\;(n)$. Alors il existe un entier relatif $k$ tel que $b-a=kn$.
  1. On a $(b+c)-(a+c)=b-a=kn$. Puisque $(b+c)-(a+c)$ est un multiple de $n$, on a donc $a+c\equiv b+c\;(n)$.
  2. On a $(b\times c)-(a\times c)=(b-a)=(ck)n$. Puisque $ck$ est un entier relatif, on a montré que $(b\times c)-(a\times c)$ est un multiple de $n$ et donc que $a\times c\equiv b\times c\;(n)$.



Une conséquence importante du théorème précédent est que l'on peut additionner membre ou multiplier membre à membre des congruences :

Théorème 36.

Soit $n$ un entier naturel.
  1. Pour tous entiers relatifs $a$, $b$, $c$ et $d$, si $a\equiv b\;(n)$ et $c\equiv d\;(n)$, alors $a+c\equiv b+d\;(n)$.
    1. Pour tous entiers relatifs $a$, $b$, $c$ et $d$, si $a\equiv b\;(n)$ et $c\equiv d\;(n)$, alors $a\times c\equiv b\times d\;(n)$.
    2. Pour tous entiers relatifs $a$ et $b$ et tout entier naturel $p$, si $a\equiv b\;(n)$, alors $a^p\equiv b^p\;(n)$.

Démonstration. Soit $n$ un entier naturel. Soient $a$, $b$, $c$ et $d$ quatre entiers relatifs. Supposons que $a\equiv b\;(n)$ et $c\equiv d\;(n)$.
  1. On ajoute $c$ aux deux membres de la première congruence et on ajoute $b$ aux deux membres de la deuxième congruence. D'après le théorème précédent, on a $a+c\equiv b+c\;(n)$ et $b+c\equiv b+d\;(n)$. Le théorème 34 permet alors d'affirmer que $a+c\equiv b+d\;(n)$.

    1. On multiplie par $c$ les deux membres de la première congruence et on multiplie par $b$ les deux membres de la deuxième congruence. D'après le théorème précédent, on a $a\times c\equiv b\times c\;(n)$ et $b\times c\equiv b\times d\;(n)$. Le théorème 34 permet alors d'affirmer que $a\times c\equiv b\times d\;(n)$.



Exercice 7. Soit $n$ un entier naturel non nul. On suppose que
$n=c_p\times10^p+c_{p-1}10^{p-1}+\ldots+c_1\times10+c_0$

où $c_0$, $c_1$, \ldots , $c_p$ sont des entiers naturels compris au sens large entre $0$ et $9$ et $c_p\neq0$ ($c_0$, $c_1$, \ldots , $c_p$ sont les chiffres de l'écriture décimale de $n$).

Montrer que $n$ est congru à la somme de ses chiffres modulo $9$ et en déduire que
$n$ est divisible par $9$ si et seulement si la somme des chiffres de $n$ est divisible par $9$.

Solution. $10\equiv 1\;(9)$ et donc, pour tout entier naturel $k$, $10^k\equiv1^k\;(n)$ ou encore $10^k\equiv1\;(9)$.
Par suite, $c_p\times10^p+c_{p-1}10^{p-1}+\ldots+c_1\times10+c_0\equiv c_p\times1+c_{p-1}10^{p-1}+\ldots+c_1\times1+c_0\;(9)$ ou encore

$$n\equiv c_p+\ldots+c_1+c_0\;(9).$$

En particulier,

$n$ divisible par $9\Leftrightarrow n\equiv0\;(9)\Leftrightarrow c_p+\ldots+c_1+c_0\equiv0\;(9)\Leftrightarrow c_p+\ldots+c_1+c_0$ divisible par $9$



Par exemple, si $n=64413$ alors la somme des chiffres de $n$ est

$$6+4+4+1+3=18=2\times9.$$

La somme des chiffres de $n$ est divisible par $9$ et donc $n$ est divisible par $9$. On a effectivement $64413=7157\times9$.

3) Résolution de congruences

On se donne $n$ un entier naturel et $a$, $b$ et $x$ trois entiers relatifs et on veut résoudre la congruence $ax+b\equiv 0\;(n)$ d'inconnue $x$. On va apprendre à \og faire passer $a$ et $b$ de l'autre côté \fg~quand cela est possible. On va voir que la multiplication est beaucoup plus délicate à gérer que l'addition.


Exercice 8.
  1. Résoudre dans $\mathbb{Z}$ la congruence $2x+5\equiv0\;(7)$.
  2. Montrer que la congruence $2x\equiv1\;(6)$ n'a pas de solution dans $\mathbb{Z}$.

Solution.

  1. Soit $x$ un entier relatif. Si $2x+5\equiv0\;(7)$, alors $2x+5-5\equiv0-5\;(7)$ ou encore $2x\equiv-5\;(7)$ et si $2x\equiv-5\;(7)$, alors $2x+5\equiv-5+5\;(7)$ et donc $2x+5\equiv0\;(7)$. En résumé, $$2x+5\equiv0\;(7)\Leftrightarrow2x\equiv-5\;(7).$$

    On note alors que $2\times4=8=1+7$ et donc que $2\times4\equiv1\;(7)$.
    Si $2x\equiv-5\;(7)$, alors $4\times2x\equiv-5\times4\;(7)$ ou encore $x\equiv-20\;(7)$ et si $x\equiv-20\;(7)$, alors $2x\equiv-5\times4\times2\;(7)$ ou encore $2x\equiv-5\;(7)$. En résumé,

    $$2x+5\equiv0\;(7)\Leftrightarrow2x\equiv-5\;(7)\Leftrightarrow x\equiv-20\;(7).$$

    Enfin, comme $-20\equiv 1\;(7)$ car $-20-1=-21=(-3)\times7$,

    $$2x+5\equiv0\;(7)\Leftrightarrow x\equiv1\;(7).$$

    Les entiers relatifs $x$ tels que $2x+5\equiv0\;(7)$ sont les entiers relatifs de la forme $1+7k$ où $k$ est un entier relatif.

  2. Supposons qu'il existe un entier relatif $x$ tel que $2x\equiv1\;(6)$.
    Alors, il existe un entier relatif $k$ tel que $2x=1+6k=1+2\times(3k)$. Le membre de gauche de cette égalité est un entier pair et le membre de droite est un entier impair. Ceci est impossible et donc la congruence $2x\equiv1\;(6)$ n'a pas de solution dans $\mathbb{Z}$.